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Claude Bernard et la démarche scientifique en médecine
Claude Bernard (1813-1878), physiologiste et médecin français, est décrit par les historiens comme le père de la médecine expérimentale. Empruntant les outils et méthodes aux Mathématiques, à la Physique et à la Chimie, déjà élevées au rang de sciences au milieu du XIXe siècle, il fait de la Médecine une science expérimentale.
Il en énonce les grands principes suivants :
- La science nie l’admission d’un fait sans cause : c’est le déterminisme absolu qui fait la science
- La base de la médecine scientifique doit être la physiologie
- C’est le rapport entre le phénomène et sa cause qui est la vérité scientifique
- Toute théorie absolue est fausse, provisoire, partielle
- Notre raisonnement nous guide mais ne nous impose pas ses conséquences : rester libre de les accepter ou de les discuter
- Le progrès c’est de changer une ancienne théorie avec moins de faits par une nouvelle avec plus de faits
- Il faut substituer le criterium scientifique à l’autorité personnelle, frein à tout progrès scientifique
- L’idée c’est la graine, la méthode c’est le sol.
Pour lui, tout travail scientifique suit une chronologie. Elle est à considérer comme un guide à l’usage de l’esprit éclairé, et non comme un cadre rigide :
- Tout commence par l’observation des phénomènes de la nature. C’est ce qu’il appelle les faits.
- Emerge alors l’idée, l’intuition, l’hypothèse, moteurs indispensables de la science. C’est ce qu’il appelle l’idée scientifique préconçue.
- Lui succède « l’expérimentation inconsciente », qui permet de percevoir par expérience, d’interroger la nature via une conception à priori, d’investiguer un phénomène modifié par l’investigateur. C’est ce qu’il appelle l’empirisme.
L’investigateur institue alors l’expérience scientifique par un raisonnement conscient pour contrôler le phénomène et l’évaluer. Il cherche à interpréter à posteriori. C’est ce qu’il appelle l’expérimentation - L’application de cette démarche lui permet de faire de nombreuses découvertes médicales, et de définir le concept de milieu intérieur, nommé plus tard Homéostasie.
Ce sont ces principes qui fondent la théorie de l’Endobiogénie : physiologie, relativité, déterminisme, observation, intuition, empirisme, expérimentation, liberté de penser…
La philosophie et la rigueur de Claude Bernard restent d’actualité, à en croire l’appel en 2014 d’Hervé Zwirn, physicien et épistémologue : « Réconcilions la science et la philosophie ! ».
Présentation de l’auteur Réda Bounab
Chirurgien-dentiste depuis 2005, exerce en libéral avec une approche globale du patient, intégrant l’endobiogénie depuis 2017. Il allie pratique clinique et compréhension systémique de la physiologie.
Formateur et responsable pédagogique à l’Institut d’Endobiogénie, il conçoit des modules pour chirurgiens-dentistes, ostéopathes et paramédicaux.