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Quand le reflux gastro-œsophagien se révèle et devient l’indicateur du déséquilibre général

«Docteur à chaque fois que je me couche, je commence à tousser, je crois que je développe une allergie». « Docteur depuis que j’ai eu cette trachéite ma toux ne veut plus s’arrêter et j’ai mal à la gorge». « Docteur, tous les matins je me lève avec un mal de gorge, on dirait que j’ai une angine qui ne se soigne pas». « Docteur je suis allé aux urgences pour douleur thoracique mais ils n’ont rien trouvé et ça le fait régulièrement maintenant, ça fait très mal ». « Docteur, mes gencives sont inflammatoires et ma langue me brûle, j’ai été traité par fungizone mais ça n’a pas marché ». « Docteur, je viens car ma femme me dit que j’ai mauvaise haleine». « Docteur j’ai un truc qui me gêne dans ma gorge », «ah oui un globus» «un quoi ?» «Oui, enfin une sensation de corps étranger dans la gorge», «Peut-être que vous avez un peu d’acidité » « Ah non docteur aucune acidité tout va bien ».

Autant de plaintes diverses qui orientent parfois sur de mauvaises pistes et qui après que l’on ait éliminé une cause plus vitale doivent nous orienter sur un potentiel Reflux Gastro Esophagien (RGO). Il est important de savoir le reconnaitre dans sa forme précoce, sans lésion œsophagienne ou gastrique pour instituer un traitement endobiogénique sans avoir recours aux inhibiteurs de la pompe à proton (IPP). De même, plus précoce est la prise en charge, plus on peut éviter le passage à la chronicité avec le risque que lorsque des lésions d’œsophagite, gastrite ulcère apparaissent il y a également une possibilité de cancérisation.

Mais qu’est-ce que c’est le reflux Gastro-oesophagien ?

Le RGO, retrouvé dans 5 à 10% de la population, se caractérise par un dysfonctionnement de la partie inférieure de l’œsophage, au niveau du muscle du diaphragme et du sphincter inférieur de l’œsophage.

Les facteurs potentiels

L’augmentation de la pression abdominale en particulier au niveau de la jonction gastro-œsophagienne peut être favorisée par une surcharge pondérale, la présence d’une hernie hiatale, la grossesse, une toux importante comme dans une trachéite, un mauvais fonctionnement du mouvement diaphragmatique, un défaut de motilité de l’œsophage, des déformations de la colonne vertébrale, une constipation…

Certains médicaments, les hormones (la progestérone), les dérivés nitrés et les inhibiteurs calciques peuvent favoriser un reflux. Certains aliments peuvent l’aggraver ainsi que le tabac, l’alcool, le café… Mais surtout le SIO est sous l’influence du Système nerveux végétatif, en effet le parasympathique du SNV est le tonus de base. Si il est trop fort, ce qu’on retrouve dans la plupart des cas de reflux, le tonus sera plus relâché au niveau du SIO et les sécrétions seront plus importantes. L’alpha sympathique c’est la préparation à l’action, c’est la calibration des sécrétions, contraction des sphincters. Si on est trop en alpha, les sécrétions restent bloquées par les sphincters trop contractés avec un retard au relâchement pour l’excrétion des sécrétions (Beta sympathique). L’appareil digestif fait appel au SNV dans tout son fonctionnement, le moindre déséquilibre entrainera des troubles digestifs.

Le SNV est très lié au contexte émotionnel que l’on prendra en compte dans la prise en charge. En effet, un stress chronique favorisant un terrain spasmophile entrainera un conflit para alpha (para fort, alpha fort, Beta insuffisant ou retardé) qui, si il se prolonge, pourra être le lit de pathologies, conséquences d’une désadaptation de la réponse neuroendocrinienne. Toujours dans ce conflit para/alpha, on retrouve très souvent un sphincter d’Oddi spasmé, empêchant les sels biliaires et les sucs pancréatiques de s’écouler correctement aggravant notre reflux voire même une remontée de ces sécrétions hépatopancréatiques. Pour peu que se rajoute toujours dans le même contexte une constipation chronique, comme l’exemple de ce patient vu en garde qui appelle pour douleur thoracique après son repas du midi, examiné la veille aux urgences pour la même raison, sans cause cardiologique retrouvée. En effet, ce patient constipé chronique aux multiples pathologies (emballement métabolique), prenait en mangeant son repas du spagulax et du psyllium (pour sa constipation) ce qui augmentait son volume gastrique de façon conséquente sur un intestin en stase stercorale (intestin plein de matières fécales) et favorisait une remontée acide douloureuse provoquant sa douleur rétrosternale.

Le Diagnostic du RGO se fait de façon sûre par l’endoscopie gastro-œsophagienne quand on retrouve des lésions mais l’absence de lésion n’élimine pas le RGO, on peut alors faire une PH métrie. Si rien n’est retrouvé il n’y a pas de RGO. La PH impédancemétrie est utilisée, elle, pour les persistances de symptômes sous traitement et différencie les reflux acides et non acides.

Les traitements

La plupart des traitements cherchent à retirer l’acidité, mais il faut bien garder en tête que l’acidité gastrique est nécessaire pour la digestion des aliments, seule la muqueuse gastrique est conçue pour résister à un pH acide, les autres muqueuses du système digestif doivent impérativement être protégées. Le Pancréas permet cela en secrétant du bicarbonate de sodium, jusqu’à 2 litres par jour. A noter que le reflux n’est pas forcément le reflet d’une acidité gastrique mais parfois d’une diminution de la production de l’acide chlorhydrique qui est nécessaire pour la fermeture du SIO. Dans ce cas, il faudra corriger ce déficit de production.

Pour traiter un reflux, il faut essentiellement travailler, quand c’est possible, sur le dysfonctionnement du sphincter inférieur de l’œsophage et ce qui entraine sa faiblesse, donc, corriger le déséquilibre du système neurovégétatif. Chez le nourrisson on retrouve un reflux lié à l’immaturité de son sphincter inférieur de l’œsophage (SIO) en rapport avec un SNV en pleine maturation avec un parasympathique dominant. Chez la personne âgée plutôt parasympathique dominant, le SIO et le mouvement diaphragmatique peuvent être altérés. Il faut tenir compte de la physiologie dans le rééquilibrage du SNV. Dans le cas d’une hernie hiatale, le rééquilibrage du SNV est primordial associé aux règles hygiéno-diététiques. Il est important de respecter la physiologie dans le cadre du traitement.

On retrouve parfois dans les RGO la présence dans l’estomac d’Helicobacter pilory, bactérie incriminée dans les ulcères gastriques, ainsi qu’un SIBO « small intestinal bacterial overgrowth » qui désigne une pullulation bactérienne de l’intestin grêle, ce qui entraîne une fermentation importante créant des éructations. En Endobiogénie, c’est le déséquilibre général neuroendocrinien qui engendre souvent ces déséquilibres de flore. En rééquilibrant le système on permet la disparition de ces perturbations de flores, ce qui n’empêche pas un traitement anti-infectieux.

Nous voyons bien que la prise en charge du RGO sera d’abord symptomatique pour soulager le patient mais il faudra prendre en compte comme le fait l’endobiogénie tout le contexte neuro endocrinien.

Les plantes

Il faut trouver des plantes alphasympatholytiques et parasympatholytiques, anti spasmodiques, favorisant la vidange gastrique

  • La Mélisse (Melissa officinalis) : alphasympatholytique, antispasmodique digestive, stimule la digestion et la sécrétion de sels biliaires, diminue les douleurs d’estomac, elle augmente le mucus protégeant la muqueuse de l’estomac.
  • La Gentiane (Gentiana lutea) : Parasympatholytique, accélère l’évacuation gastrique, elle module les sécrétions salivaires et gastriques, les augmente quand elles sont déficientes (comme dans le cas d’hypochlorhydrie gastrique) et elle les diminue quand elles sont en excès. Ces modulations montrent l’intérêt de la plante dans son totum, contrario à des molécules seules souvent synthétiques comme on retrouve en allopathie.
  • Camomille Allemande (Matricaria recutita) : sympathicolytique, parasympatholytique, antispasmodique et cicatrisante digestive, intéressante pour aider à l’ouverture du sphincter d’Oddi spasmé dans les terrains spasmophiles, permettant ainsi la libération des sels biliaires et sucs pancréatiques. (attention à la potentialisation de certains anticoagulants du fait de la présence de coumarine)
  • Gingembre (Zingiber officinalis) : anti-reflux, permet la vidange gastrique, augmente le flux salivaire et la digestion des aliments et est anti-infectieux en inhibant la croissance d’Helicobacter pilory.

En Gemmothérapie :

  • Le Bourgeon de figuier (Ficus carica) : a un rôle dans les états inflammatoires du tube digestif en particulier dans le cadre d’état d’anxiété, troubles psychosomatiques. Associé au gingembre il peut aider au sevrage des inhibiteurs de la pompe à proton (IPP).
  • Estragon (Artemisia dracunculus) : parasympatholytique, antispasmodique, on peut mâcher quelques feuilles après le repas (précautions : l’estragon est oestrogénique.)

Cicatriser les lésions d’oesophagite, gastrite, diminuer l’acidité :

  • Le lithotamne : algue calcifiée, riche en oligoéléments et minéraux en particulier le carbonate de calcium peut diminuer l’acidité gastrique.
  • Le jus de pomme de terre crue (de préférence nouvelle) frais à boire tout de suite à la sortie de l’extracteur de jus (car ce jus s’oxyde rapidement), on peut améliorer le goût en ajoutant du jus de carotte. On prendra le soir, 1 verre 20 à 30 mn après le repas. En plus de l’amidon, le jus de pomme de terre contient une enzyme cicatrisante des muqueuses.
  • Le jus de chou peut être utilisé également, mais au long cours attention, car il risque de freiner la glande thyroïde et aggraver une hypothyroïdie.
  • Le gel d’Aloe vera : cicatrisante, 1 c à soupe matin et soir en dehors des repas, peut devenir laxative (si c’est le cas, au long terme attention au risque de perte de potassium).
  • L’eau d’argile verte : mettre 1 c à café dans 1 verre d’eau, mélanger et laisser reposer 4 h, boire le surnageant, on peut boire la totalité mais avec un risque de constipation.
  • La racine de réglisse : sédatif du péristaltisme gastroduodénal, gastrites, ulcères gastriques, laxatif (tenir compte du risque d’hypertension artérielle), 1 cuillérée à café de poudre de racine non modifiée (chez le pharmacien) dans un verre d’eau froide à préparer avant le repas, bien mélanger, et 20 mn après le repas, mélanger à nouveau et boire la totalité du verre. Il existe une spécialité, complément alimentaire de réglisse dépourvue de glycyrrhizine et qui n’a donc pas d’effet sur la tension artérielle (PEPTYL 1 cp midi et soir) cependant, ce n’est pas le totum de la plante mais un usage symptomatique phytochimique.
  • L’association de la Chlorophylle connue pour ses propriétés cicatrisantes associée à un acide aminé, la S méthylméthionine (Gastrazyme) semble être efficace.
  • Une douzaine d’amandes mâchées lentement peuvent diminuer l’acidité (attention aux diverticuloses, risque d’inflammation).

Toutes ces propositions peuvent s’alterner et être essayées pour choisir celle qui paraît la plus appropriée pour chaque individu. En fonction du contexte, on pensera à traiter une constipation.

Les règles hygiéno-diététiques

  • Bien mâcher, afin que les enzymes salivaires prédigèrent le bol alimentaire et aident la digestion.
  • Éviter de manger de trop grande quantité, les boissons gazeuses, essayer de boire plutôt en dehors des repas.
  • Avoir une nourriture la moins transformée possible, éviter les cuissons à hautes températures et de faire griller.
  • Pour les aliments, on éliminera si possible le café (favorise l’alpha), l’alcool, les graisses cuites, les farines blanches trop riches en gluten, les produits laitiers, les sucres industriels et tout ce qui en contient.
  • Une alimentation riche en fruits et légumes, en poissons (petits poissons de début de chaîne alimentaire) et moins de viande surtout à 4 pattes. Pour les végans et végétariens, penser aux graines germées qui sont riches en oligoéléments, enzymes, vitamines en particulier du groupe B, protéines. À noter, les champignons sont également intéressants pour leur teneur en protéines.

La prise en charge émotionnelle est importante car elle est souvent à l’origine des dérèglements comme nous l’avons vu plus haut.

Chez la femme enceinte, on restera uniquement sur le jus de pomme de terre et le lithotamne et les règles hygiéno-diététiques. Certains hydrolats pourraient être utilisés mais l’EMA, l’agence européenne du médicament, exclut beaucoup de plantes, donc on en restera là.

Avec ce premier traitement, on soulagera le patient, on diminuera la sollicitation des axes endocriniens et dans un deuxième temps on ajustera avec un rééquilibrage endocrinien par un professionnel de santé formé en endobiogénie dans les cas compliqués.

Les traitements allopathiques par IPP sont utiles pour réparer des lésions œsophagiennes et gastriques, cependant ils restent contre physiologiques et ne devraient être utilisés que pour des durées limitées. On constate de plus en plus l’apparition de polypes multiples gastriques au bout de plusieurs années d’utilisation. Si on ne peut arrêter le traitement, c’est qu’il ne règle pas la cause du RGO et à noter que le sevrage en IPP entraine un effet rebond des symptômes du RGO. L’endobiogénie peut traiter la cause ou diminuer le reflux même avec une Hernie Hiataie accompagnée d’une prise en charge hygiéno-diététique et émotionnelle.

D’après les recommandations de la Haute autorité de santé pour l’indication des IPP dans les RGO :

  • Le traitement initial est de 4 semaines, la poursuite du traitement est rarement justifiée, notamment chez le sujet âgé polymédiqué.

Pour rappel, l’essentiel de la fiche de la Haute autorité de santé sur les indications des IPP :

  • En instauration ou en renouvellement, un IPP n’est pas toujours pertinent.
  • Prévention de l’ulcère gastroduodénal (UGD) : associer un IPP aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) uniquement s’il existe des facteurs de risque de complications digestives.
  • Reflux gastro-œsophagien (RGO) : le traitement initial est de 4 semaines. La poursuite du traitement est rarement justifiée, notamment chez les sujets âgés polymédiqués.

En synthèse…

Le reflux gastro-œsophagien doit être détecté dans sa forme précoce, d’où la nécessité de le reconnaître sous ses formes cachées. Il est le reflet d’un désordre général où la réponse d’adaptation tente de réparer un déséquilibre. Il est dépendant du SNV et une simple correction de ce dernier permet de l’enrayer et empêche le passage à la chronicité. Le traitement par IPP n’est pas une obligation systématique et ne doit surtout pas être prolongé du fait de ses effets secondaires.

Ces conseils ne remplacent pas un avis médical.

Bibliographie

  • « Se soigner toute l’année au naturel » – Dr Jean Christophe Charrié et Marie Laure de Clermont-Tonnerre
  • « Phytothérapie, le livre de référence pour se soigner au naturel » – Dr Joël Liagre Ed Guy Trédaniel
  • « Santé au naturel » – Dr Christine Cieur Ed Terre Vivante
  • « Traité de phytothérapie clinique » – Dr Christian Diraffourd et Dr Jean Claude Lapraz
  • Cours d’Endobiogénie IEMPI
  • « Plantes médicinales Phytothérapie clinique intégrative et médecine endobiogénique » – Ed Lavoisier
  • Recommandations HAS

Présentation de l’auteure Laurence Nguyen-Liguory

Le Dr Laurence Nguyen-Liguory, médecin depuis 1995 et spécialisée en biologie médicale, a débuté sa carrière en bactériologie à l’Hôpital Necker-Enfants Malades avant de s’orienter vers une médecine intégrative, combinant acupuncture et endobiogénie à partir de 2020.

Depuis 2023, elle forme les praticiens à l’Institut d’Endobiogénie. Elle contribue à des publications scientifiques internationales en microbiologie,  physiopathologie et de l’infectiologie.

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